C'est quand qu'on va où ? 
Billet d'humeur
                                                                       Réflexion citoyenne :  

                        De la pertinence de la croissance démographique et du PLU
                                                        à Thumeries (59)

 
On lit dans le PLU de Thumeries : 
• qu’on doit avoir un équilibre entre développement urbain et développement rural 
• que le développement doit être mesuré 
• qu’il faut densifier les espaces urbains 

Ce n’est pas du tout le cas dans les faits… puisque : 
• la surface agricole est passée de 50% en 1960 à 30% actuellement.  
• Il ne reste qu’une exploitation agricole (6 en 1988) 
• 22 ha nouveaux ont été artificialisés depuis l’an 2000 (+ 3.12%) 
• Certains lotissements s’étalent démesurément et tous font la part belle au macadam avec de véritables places privées de plusieurs centaines de m² parfois. 
• Entre 1968 et 2007, le nombre de logements est passé de 959 à 1462 (+52%) alors que la population est passée de 3477 à 3810 habitants (+9.6%). C’est ce qu’on appelle une artificialisation exagérée. 
• Thumeries comprend le nombre record de 38 cités, résidences ou lotissements dont 20 ont été aménagés depuis l’an 2000  

Quelle est la pertinence de ce développement incontrôlé du bâti et en particulier des lotissements ? 
On nous parle de vitalité et de croissance démographique mais quel est le but de cette fuite en avant ? Le développement aurait du sens s’il était un développement d’activités mais il ne s’agit ici que d’un développement de l’artificialisation et dans une moindre mesure de la population ce qui transforme la commune en ville-dortoir. Alors quoi ? L’objectif serait-il de faire rentrer un maximum d’impôts locaux ? Ce serait donc le jeu sans fin du toujours plus ? Si la population doit rester à 3500 habitants et bien gérons la commune avec la recette fiscale de 3500 habitants. De nos jours, tout développement doit être socialement et écologiquement maîtrisé. 
On se loue du dynamisme démographique mais il a été provoqué et on peut considérer que c’est une faute car l’artificialisation est irréversible. L’attrait supposé de Thumeries est dû à son environnement naturel (Bois de l’Offlarde, Les cinq tailles, Pévèle proche..) mais pas à son espace urbain qui est totalement déstructuré avec un centre totalement délaissé, une multitude de lotissements qui « mitent » l’espace en îlots sans liens et un empilement d’habitations sur les parcelles originelles.  
 
On peut aussi se demander à qui profite ce déferlement de constructions.  
 
• Les lotisseurs privés n’en font-ils pas leurs choux gras ? Les agences privées ne profitent-elles pas des opportunités ? On a reculé la limite de constructibilité rue de l’Olizier en 2002 par exemple ; une agence achète un terrain où il n’y avait qu’une maison et partage le terrain en 3 lots. Bingo ! Là, pour un développement équilibré et mesuré, c’est raté. Traditionnellement, la maison est en front de rue avec des jardins et des vergers à l’arrière. Au lieu de cela, on transforme un hameau en quasi-lotissement  
 
• La commune en profite t-elle ? Pas si sûr..  
- Quels avantages financiers faut-il concéder aux lotisseurs ? 
- Qui a la charge d’équipement en mobilier urbain ? Qui a la charge d’entretien de toutes ces voies nouvelles dans les lotissements, de l’enfouissement des lignes, du bordurage excessif… 
- L’augmentation de la population crée aussi des obligations et Thumeries ne respectant les 20% de logements sociaux se voit pénaliser d’une amende annuelle de 21000 € qu’on ne pourra supprimer qu’en…. construisant encore et encore… 
 
• Les Thumerisiens en profitent-ils ? 
- Sur le plan de l’activité et de l’emploi ? non. 
- Sur le plan de l’environnement ? Certainement pas. Sols artificialisés, restriction de l’espace rural, circulation automobile accrue et bruit en conséquence. 
- Sur le plan fiscal ? Sûrement pas. Thumeries a les plus forts taux d’imposition de toutes les communes environnantes. Les taux ont augmenté de 36 % depuis la fermeture de la sucrerie avec des hausse de 15% en 2009 et encore 10% en 2011. Pourquoi faire ? Pour financer toujours plus de lotissements et accessoirement payer l’amende logements sociaux ? (Que n’a-t-on fait les logements sociaux avant les lotissements plus huppés et dévoreurs d’espace ?) 
 
Le développement doit donc être socialement et écologiquement maîtrisé : 
 L’extension urbaine et l’artificialisation n’ont que trop duré et il faut y mettre un terme. 
 Repenser et renforcer la centralité et le réseau des rues 
 Arrêter totalement l’implantation de lotissements et n’autoriser les constructions que dans les dents creuses, sans empilement d’habitations à l’arrière et de préférence en front de rue 
 Amener de l’activité plutôt que de nouveaux habitants 
 Provoquer un nouveau développement de l’agriculture avec l’installation d’exploitations maraîchères en culture bio pour une distribution locale (AMAP, supermarchés proches, marché) pour relocaliser la production.  

Cas particulier du hameau de l’Olizier : 
Le nouveau PLU (qui sera bientôt finalisé en 2015) se propose de conserver le caractère de hameau de l’Olizier.
Très bien mais quelle ironie ! Le mal est fait.
Depuis moins de 20 ans, on a compté 17 nouvelles maisons. On a reculé la limite de construction, ce qui a permis d’empiler les maisons sans respecter le caractère rural du hameau (maison en front de rue/ vergers et pâtures à l’arrière) et son architecture traditionnelle (aucune contrainte de construction, les lotisseurs en font même un argument de vente). Des promoteurs continuent d’en faire leurs choux gras.  

Et cerise sur le gâteau, le nouveau PLU va maintenant interdire toute construction ou agrandissement à l’Olizier. Ce qui fait qu’après avoir subi l’urbanisation du hameau, les habitants d’origine ne pourront même plus construire sur leur terrain ou procéder à un quelconque agrandissement. Il semble d’ailleurs que tout le monde ne soit pas sur un pied d’égalité puisque l’information n’est parue que le 30 juillet sur le site internet de la ville (mais qui va le lire régulièrement ?) et le bulletin municipal paru récemment n’en parle pas alors qu’un promoteur annonçait dès début juillet son projet de mini-lotissement à l’Olizier dans un secteur qui d’ailleurs est en ZNIEFF (zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique). Or, la Direction Régionale de l’environnement recommande de ne pas urbaniser les ZNIEFF.  
 
Tout citoyen est en droit d’être informé et de donner son avis. Un registre est d’ailleurs ouvert en mairie pour exprimer ses remarques. 

Gilbert Delbrayelle - Octobre 2014